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AGI : L'intelligence artificielle générale, mythe ou révolution en marche ?

AGI : L'intelligence artificielle générale, mythe ou révolution en marche ?

Publié le
April 7, 2025
-
5 minutes de lecture

AGI, IAG, GenAI… Vous vous y perdez ? C’est normal.

Quand on parle d’intelligence artificielle, une confusion revient sans cesse, même chez les experts : en français, l’acronyme IAG peut désigner deux notions très différentes… et pourtant souvent confondues. D’un côté, l’Intelligence Artificielle Générative (comme ChatGPT ou DALL·E), de l’autre, l’Intelligence Artificielle Générale, ce Graal technologique encore largement hypothétique.

En anglais, les choses sont un peu plus claires :

AGI (Artificial General Intelligence) désigne l’IA générale,

• tandis que GenAI (Generative AI) fait référence aux IA génératives.

Mais en français, cette ambiguïté linguistique – IAG pour les deux – révèle un malentendu plus profond : on confond souvent ce que fait l’IA aujourd’hui, avec ce qu’on imagine qu’elle fera demain.

Alors, c’est quoi exactement l’AGI ? Pourquoi tant de fantasmes et de débats autour de cette notion ? Et surtout, où en est-on vraiment ?

Dans cet article, on démêle le vrai du faux pour mieux comprendre les enjeux, les espoirs et les limites de l’intelligence artificielle.

🧠 Qu'est-ce que l'AGI ?

L'AGI désigne une intelligence artificielle capable d'accomplir n'importe quelle tâche cognitive qu'un humain est capable de réaliser. Autrement dit, une IA généraliste, polyvalente, capable de comprendre, raisonner, apprendre, planifier, transférer des compétences entre différents domaines, s’adapter à de nouveaux contextes, et même faire preuve d’un certain sens du bon sens. Et, disons-le, une fois qu'elle aura atteint le niveau, le dépassera !

À la différence des IA dites "faibles" ou "spécialisées" (comme celles qu'on utilise pour recommander des films, trier des e-mails ou jouer aux échecs), l'AGI viserait une autonomie intellectuelle globale, comparable à celle d'un humain. Une telle IA pourrait passer d’une tâche à une autre sans être reprogrammée, et résoudre des problèmes dans des domaines où elle n’a jamais été formée spécifiquement.

En d’autres termes, elle aurait non seulement des compétences, mais aussi une forme d’intelligence flexible et contextuelle.

🔬 Un concept ancien, une ambition toujours vivante

L'idée d'une intelligence artificielle générale n'est pas nouvelle :

  • 1950 : Alan Turing se demande si une machine peut penser. Il pose les bases d’une pensée sur l’intelligence simulée, avec son fameux test, qui vise à déterminer si une machine peut imiter un humain dans une conversation.
  • 1956 : Conférence de Dartmouth, point de départ officiel du champ de l’IA. Les chercheurs rêvent alors d’une machine capable d’imiter l’intelligence humaine dans toute sa diversité.

Mais très vite, les réalités techniques freinent les ambitions. L’AGI devient une idée lointaine, presque théorique, reléguée au rang d'utopie scientifique. Les décennies suivantes se concentrent sur des IA très spécialisées, souvent performantes dans un domaine unique, mais incapables d’en sortir.

Jusqu'à ce que le deep learning, le big data et les avancées en puissance de calcul fassent renaître cette ambition dans les années 2010. La capacité à entraîner des modèles sur d’immenses volumes de données et à les faire progresser par apprentissage ouvre de nouvelles perspectives.

🔍 Où en sommes-nous aujourd’hui ?

Nous ne sommes pas encore en présence d’une véritable AGI, mais certains modèles récents sèment le doute et alimentent les débats :

  • GPT-4, Claude, Gemini... : ces IA sont capables d'effectuer un large éventail de tâches (langue, code, logique, résumé, création...), sans être explicitement programmées pour chacune d'elles. Elles semblent parfois improviser, raisonner, faire preuve de logique… ce qui brouille les frontières.
  • Modèles multimodaux : certaines IA savent traiter du texte, des images, de l’audio, voire des commandes physiques. Cette capacité à gérer plusieurs types d’informations en parallèle est considérée comme une étape vers une compréhension plus “globale” du monde.

Certains chercheurs parlent alors d'AGI émergente ou de "proto-AGI". Mais il n'existe aucun consensus scientifique clair sur les critères à remplir pour qu'on puisse dire : « c'est une AGI ».

Certains proposent des tests alternatifs au test de Turing, d’autres des critères de généralisation, d’autonomie, ou encore de conscience. Mais tout cela reste très subjectif.

⚠️ Les controverses et craintes autour de l'AGI

1. Le problème de l’alignement

Comment s'assurer qu'une IA ultra-puissante poursuivra des objectifs compatibles avec nos valeurs humaines ?

C'est tout l'enjeu du champ de recherche appelé AI alignment. Un domaine encore très ouvert, avec beaucoup d'inconnues. S’il est difficile de définir les valeurs humaines, comment les traduire dans un système algorithmique ?

2. Les risques existentiels

Certains chercheurs (Nick Bostrom, Eliezer Yudkowsky) estiment que l'AGI représente un risque existentiel pour l’humanité. S’il devient impossible de la contrôler, elle pourrait poursuivre ses propres objectifs au détriment des nôtres. Des scénarios dystopiques sont régulièrement évoqués, où une AGI mal alignée prendrait des décisions contraires à l’intérêt humain… voire fatales.

D'autres voix (par ex. Daniel Andler) rétorquent que ce discours est alarmiste, voire contre-productif, car il détourne l'attention de problèmes bien réels et actuels : biais algorithmiques, surveillance de masse, automatisation de l’emploi, inégalités d’accès aux technologies…

3. Les bouleversements sociétaux

Une AGI pourrait avoir un impact colossal sur l'organisation du travail, l'éducation, la création, la politique… En simplifiant radicalement des tâches cognitives, elle remettrait en question des métiers entiers.

Elle pourrait aussi influencer les comportements humains, les décisions politiques, les valeurs culturelles. Et concentrer un pouvoir énorme entre les mains de ceux qui la contrôleraient.

4. Le vide réglementaire

Aucune loi ou réglementation actuelle ne prévoit spécifiquement l'encadrement d'une AGI. Les initiatives de gouvernance mondiale sont encore balbutiantes, et les États peinent à se coordonner. Pourtant, si une AGI venait à apparaître dans un contexte non régulé, les conséquences pourraient être irréversibles.

📊 Un sujet flou... mais central

Il n'existe aucune définition universelle de l'AGI. Pour certains, ce sera une IA capable de passer le test de Turing avec brio. Pour d'autres, elle devra posséder une forme de conscience, ou d'autonomie décisionnelle. Certains estiment qu’elle devrait même développer des émotions ou une conscience morale.

Mais une chose est certaine : l'idée d'une AGI structure déjà les débats, oriente les stratégies des grandes entreprises technologiques, alimente les discours publics et façonne l’imaginaire collectif.

L'AGI fascine, effraie, intrigue. Elle soulève des questions qui nous forcent à redéfinir ce qu'est l'intelligence, la conscience, le travail... et même l'humain.

C'est pourquoi, qu'on y croie ou non, qu'on s'en méfie ou qu'on la désire, il est essentiel de comprendre ce qu'est l'AGI, de suivre son évolution, et surtout d’en parler de manière ouverte, éthique et critique.

Chez Learning Robots, on milite pour une acculturation à l'IA claire, nuancée, et accessible à tous. Le débat autour de l'AGI ne doit pas être un sujet réservé à une élite technique ou philosophique. C'est une affaire citoyenne, collective, qui nous concerne tous.

Envie d'en savoir plus ? Suivez nos publications pour continuer à explorer les enjeux de l'IA... sans tomber dans les fantasmes.

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